L’Empire
des sens
Drame franco-japonais de Nagisa Oshima (1976).
Avec Tatsuya Fuji, Eiko Matsuda.
Existe aussi en coffret édition limitée, accompagné
de "L'Empire de la passion".

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Esthétique d’une
sexualité débridée
L’un des films culte de la génération post-soixante-huitarde,
marquée par la libération sexuelle, sort enfin en
DVD. A mille lieux de Baise-moi et autres productions pornographiques,
L’Empire des Sens va régaler les intellos
qui s’extasient devant cette manière unique, sensuelle
et poétique de filmer le sexe.
Le film est inspiré d’un fait divers réel. Une
ancienne geisha, servante dans une auberge de Tokyo, observe les
ébats conjugaux de sa patronne. Le mari de celle-ci ne tarde
pas à la remarquer et à la conquérir. La passion
charnelle qui gagne et étreint les deux amants semble sans
limite. Recherche de jouissance permanente, elle ira jusqu’à
l’étranglement et la pamoison. Jusqu’à
l’émasculation, dénouement tragique qui sucitera
le scandale.
L’empire des sens se situe à la lisère
entre érotisme et pornographie. Car si l’acte sexuel
est véritablement mis à nu (à l’inverse
des films érotiques qui évitent soigneusement de dévoiler
le sexe masculin), jamais l’oeuvre d’Oshima ne tombe
dans le vulgaire ou le graveleux. Les ébats sont filmés
avec une grâce et une sensualité particulières.
La caméra nous plonge dans une intimité empreinte
de dignité et de pudeur. Telle scène de fellation,
qui montre la langueur et la douceur de l’acte, reste gravée
dans les mémoires comme la plus belle de l’histoire
du cinéma. Bref, L’empire des sens est véritablement
le premier - et sans doute le meilleur - film pornographique d’auteur.
Julien
Barret
03/05/03 17 heures.
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