CULTURE

Photo: D.R.

AS Dragon survole
le rock français

 

Avec un premier album solo, Spanked, sorti aujourd’hui en France, l’AS Dragon se lance à l’assaut du conformisme qui règne sur la scène française.

Il était une fois un rock français complexé. A une époque ou, ailleurs, Queens of the Stone Age sonnaient la révolte et les White Stripes sonnaient épataient les anciens, la scène hexagonale restait partagée entre le syndrôme bal-musette (Louise Attaque), intello-intimiste (Dominique A.) ou carrément potache (Les Wampas). Les textes étaient mignons ou troisième degré, la musique désespérement polie. Seul Noir Désir parvenait à rencontrer son public avec des albums ambitieux.
Et un jour est arrivé l’AS Dragon. Sur la pointe des pieds. En 2000, le quintet fourbit ses armes en accompagnant Michel Houellebecq dans une tournée mémorable « Présence Humaine ». Un soir, l’écrivain refuse simplement de se lever pour venir déclamer ses poèmes. Le groupe assure seul la scène et découvre qu’il est autre chose qu’un simple orchestre d’accompagnement. Bertrand Burgalat, chanteur et producteur du label Tricatel les prend sous son aile. De leurs concerts communs émerge un album live, Bertrand Burgalat Meets AS Dragon, qui fait sensation en 2001. Derrière les textes du mentor, cinq virtuoses se font remarquer. Les guitares s’assument, le clavier teinte de jazz ou de groove une rythmique presque punk. Quelque part entre l’énergie du rock années 60 et la sensualité du funk américain.

Photo: D.R.
Michaël Garçon, Hervé Bouétard, Stéphane Salvi, David Forgione et Natasha Le Jeune.

En 2003, l’arrivée de la chanteuse Natasha Le Jeune est la grande nouveauté de "Spanked", leur premier album solo. Un bon investissement. Danseuse contemporaine de formation, celle qui n’avait aucune expérience de chant auparavant étonne par sa maturité et sa finesse. Elle est l’auteur de la plupart des textes, la majorité en anglais. Sur "Spanked", les pistes explorées avec Bertrand Burgalat ont été approfondies. L’AS Dragon visite, avec un bonheur égal, le glam (Dirty), la soul funkifiée (Nightime) ou le rock-garage (Spank on Me). Sur un même morceau, on se surprend à passer du glam ou psychédélique. On croise tour à tour The Cure, les Beatles ou Blur. Un hémisphère dans une chevelure : traduire un texte de Baudelaire en un slow sexuel.
L’AS Dragon revisite ce qui s’est fait de mieux sur la scène mondiale ces trente dernières années avec un enthousiasme prometteur.

Sébastien Lebourcq

02/05/2003 13h10

Concert au Cabaret Sauvage (Parc de la Villette), le mardi 5 mai à 20h30.
Places disponibles dans les points de vente habituels.

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