CULTURE
Le cinéma européen en demi-teinte

Si la fréquentation des salles européennes a stagné en 2002 par rapport à l'année précédente,
le cinéma français est loin d’être moribond.

Une stagnation préoccupante. 933 millions de billets vendus en Europe contre 929 en 2001. Hier, l'Observatoire européen de l'audiovisuel a livré les chiffres de la fréquentation des salles en 2002. Si la production est stable avec 625 films produits (contre 628 en 2001) la part de marché baisse (27%) par rapport à 2001, mais elle est supérieure à celle de l'année 2000. La part du cinéma américain demeure largement majoritaire, et gagne même du terrain, avec 71,2% contre 65,4% l’année précédente. "Harry Potter et la chambre des secrets" arrive en tête avec près de 40 millions d'entrées. Premier film français au box office, "Astérix & Obélix : Mission Cléopâtre" arrive au 9ème rang - après huit films américains - avec près de 20 millions d'entrées.

Si les films européens sont appréciés sur leur territoire (19,5 % de leur marché en moyenne), ils s’exportent mal. Ce qui n’est pas le cas des films américains, qui pratiquent une politique protectioniste. Aucune chance pour les films étrangers sans grand succès de se voir projetés dans les salles américaines. Alors qu’en France, le Centre National de la Cinématographie vient en aide aux films d’art et essai, y compris étrangers…
C’est le "manque de films porteurs" qui explique, selon l’Observatoire européen, cette situation difficile. Mais qu’est-ce qu’un film porteur ? Est-ce un film qui s’exporte ? 26 % seulement des entrées du film d'Alain Chabat ont été enregistrées hors de l'Hexagone, contre 55% pour le film de Claude Zidi « Astérix & Obélix contre César ».


Photo: D.R.

Et pour cause, le film de l’ex-Nul repose sur beaucoup de "private
jokes" et un humour typiquement « Canal » qui ne peut fonctionner
hors de nos frontières.

« Les films américains innondent le marché »

Gérard Perron, directeur de la librairie Atmosphère, spécialisée en cinéma, ne perçoit pas la faiblesse du cinéma français. « C’est de moins en moins vrai », note-t-il. Reste une évidente domination américaine qui s’explique par la diffusion massive et le merchandising. Cette disproportion de l’offre est aussi liée au phénomène des multiplexes qui se dévelopent comme des champignons.
Quels sont donc les films « porteurs » ? « Certains jugent le cinéma français trop nombriliste». Ce qui marche, c’est Besson et ses superproductions, telle "Jeanne d’Arc", tourné en anglais. Et "Amélie Poulain" ? « C’est exactement l’effet inverse », un film typiquement français qui a séduit le monde entier. Un succès aussi inattendu que celui d’"Etre et avoir", ce documentaire sur une école primaire auvergnate.
Malgré des chiffres peu enthousiasmants, l’heure n’est pas à la déprime pour le cinéma européen. Ken Loach ou Mike Lee en Angleterre, Almodovar en Espagne, Kaurismaki en Finlande, Lars Von Trier au Danemark sont autant de réalisateurs de talent appréciés du public. Sans parler du cinéma asiatique ou sud-américain très en vogue ces temps-ci. Quant à la France, elle demeure le pays européen le plus cinéphile. En témoignent les 839 salles de notre capitale... Paris compte un fauteuil pour 54 habitants.

Julien Barret
02/05/03 18 heures

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