Photo: D.R.

Quand le gouvernement se demande comment loger ou nourrir sa population, la politique culturel est le cadet de ses soucis. Résultats: l'activité culturelle est au point mort. Un constat épinglé par la journaliste, Catherine Graciet, et la photographe Nadia Ferroukhi qui ont enquêté pendant trois semaines à Alger, Oran et Béjaïa. Les deux femmes concluent que "la culture se porte mal en Algérie" dans un Livre Blanc publié par la Fnac. Plusieurs facteurs: le manque de moyens, d'infrastructures et de formations professionnelles. Et un public absent. Selon les auteurs, cette crise de la culture en Algérie repose sur "le désengagement brutal de l'Etat après 37 ans d'omniprésence, notamment en termes de financement", "la guerre civile meurtrière" et "la délicate situation de l'économie algérienne".

Bilan: l'Algérie ne compte qu'une librairie pour plus de 210.000 habitants, la majorité des salles de cinéma projettent de la vidéo et il ne reste que huit théâtres pour tout le pays.

L'humoriste algérien Fellag
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Mais alors où sont les artistes algériens ? Première réponse: en France. Plusieurs d'entre eux, menacés en Algérie ou victimes de pressions ont choisi de s'éxiler. C'est le cas de l'humoriste Fellag qui a quitté Alger à la suite de l'ère de violence de 1994 marquée par une série d'assassinats d' artistes et d' intellectuels.
Protégé par la France, l'artiste écrit "Djurdjurassique bled", une pièce comique analysant avec une verve étonnante la scène sociale algérienne. C'est un triomphe, Fellag ouvre une brèche. Les artistes algériens ne vont plus garder leur langue dans leur poche. En février 2001, il publie son premier roman "Rue des Petites Daurades" suivi de "C'est à Alger" en 2002.
Aujourd'hui, l'humoriste se produit à l'Opéra Comique à Paris pour un spectacle intitulé "L'Opéra d'Casbah" mis en scène par Jérôme Savary. Entre plusieurs morceaux du répertoire oriental, l'humoriste propose plusieurs sketches déclinés sur le thème "comment faire un bon couscous". Entouré de Biyouna, « star en Algérie », d'Abdou Elaidi, comédien, et du formidable orchestre Chaâbi dirigé par Nasredine Dalil, il évoque l’Algérie d’hier et d’aujourd’hui avec humour, tendresse et sarcasme.

L'affiche du spectacle de Fellag: "L'opéra d'Casbah"

Il ironise sur le président algérien, Bouteflika présenté comme un gnome arriéré." En Algérie, raconte t-il, tout est petit (…) Et le président aussi est tout petit. Et quand on lui demande s'il a une idée pour sauver son peuple. Il répond "oui" mais elle est toute petite". Acrobate de l'allégorie, il explique que le couscous tunisien est "un couscous royal, avec un roi et une reine". Quant au couscous algérien "il est très sec, avec une merguez très dure, car il est préparé par des généraux."
Si Fellag excelle dans l'art de la métaphore ce n'est pas un hasard. Le propre de cette figure de style n'est-il pas de communiquer implicitement un message en remplacant un mot par un autre?
Dire les turpitudes de l'Algérie. Oui, mais encore entre les lignes.