
Photo: D.R.
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Le Teknival rentre dans le rang
Pour la première
année, le rendez-vous techno s’officialise. Le Teknival
2003, qui se tient à Marigny-le-Grand, attend 25 000 spectateurs
jusqu’à dimanche encadrés par le « Collectif
des sound systèmes français » et la préfecture.
La clandestinité n’est plus de mise. Zoom sur cette
nouvelle forme de rave légalisée.
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Avant le Teknival c’était
des « sound systems »- des murs d’enceinte crachant
de la musique techno à des décibels bien loin des
normes recommandées-, de jeunes raveurs dansant pendant tois
jours non-stop, quelques boissons et drogues inévitablement,
et, souvent, les sirènes des forces de l’ordre pas
bien loin. Lors d’une édition précédente,
sur le versant italien du col de Larche en août 2002, les
teufeurs avaient tenu tête aux CRS plusieurs heures durant
pour accéder au site. Le décret antirave, voté
dans le cadre de la loi sur la sécurité du 15 novembre
2001, avait rendu impossible la tenue du Teknival sur le territoire
français.
Pourtant l’édition 2003 a débuté hier
et se tiendra jusqu’à dimanche. A cette occasion, on
reprend les mêmes ingrédients, sauf un. Cette année,
les sirènes se sont tues. Le Teknival est devenu «
légal ». Les raveurs sont rentrés dans le rang
et organisent la fête en coordination avec le ministère
de l’Intérieur. Les gendarmes restent discrètement
aux abords de la fête. L’officialisation ne semble pas
affecter la fréquentation du rendez-vous phare des technophiles
puisque qu’hier soir on comptait déjà entre
10 000 et 20 000 jeunes arrivés à la tombée
de la nuit. « Nous attendons 15 000 personnes au plus
fort du festival, et 25 000 sur l'ensemble des quatre jours »
estime Lionel, membre du Collectif
des sound systems français. Est-ce le même public
fidèle ou quelques irréductibles ont-ils déserté
cette version moins libertaire de l'événement? Difficile
à dire. Pour Erwan Bouillon, vendeur à TechnoImport,
certains ne voudront pas participer " à quelque chose
d'officiel". (Lire l'avis d'un
spécialiste)
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Le matériel des "teufeurs"
est souvent impressionnant.
Photo: AFP
Certes le teknival a un peu perdu de ce qui faisait
son charme. Les années précédentes, chaque
1er mai, le lieu exact de la fête filtrait discrètement
au dernier moment. Sans aucune autorisation officielle, les raveurs
investissaient en masse un terrain à l’abandon, au
grand dam des plus proches voisins. Cette fois, la base désaffectée
de l’Otan qui sert au rassemblement a été
prêtée par la préfecture de la région
Champagne-Ardenne. Mais la fin de la clandestinité présente
aussi quelques avantages, notamment au niveau des conditions socio-sanitaires.
La préfecture a installé sur le site six bennes
à ordures de 50 m3 chacune, deux citernes d'eau, 45 toilettes
chimiques, et apporté 2.500 bouteilles d'eau. Un dispositif
dont le coût - 30.000 euros pris en charge par l'Etat -
devra être remboursé par l'organisation. Celle-ci
compte sur l'obole des particpants, le festival restant gratuit.
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Tolérance politique
Le teknival encouragé par le ministre de
l’Intérieur Nicolas Sarkozy.
Pour la première fois le Teknival
est officiel. Fini les rassemblements sauvages. La solution
de la légalistaion est soutenu par Nicolas Sarkozy.
Avant «on subissait, on envoyait au dernier moment
les CRS. Les jeunes n’étaient pas contents, les
populations concernées furieuses, l'ordre public était
bafoué et l'état de droit n'avait plus aucune
signification», a rappelé le ministre de
l’Intérieur, à l’assemblée
mercredi. La nouvelle politique consiste à «essayer
de canaliser les choses».
Le gouvernement s’est donc engagé à aider
les jeunes qui souhaitent organiser des rave parties à
«trouver des terrains adaptés».
En contrepartie les organisateurs deviennent responsables
en signant une charte qui les engage financièrement
et sur les questions de la propreté et des éventuels
débordements. Le teknival 2003 est la première
édition du genre. Difficile pour l’instant d’établir
un bilan. Mais pour Nicolas Sarkozy, la voie choisie est la
bonne : «C'est pas facile mais (...) c'est mieux
que l'inaction d'hier».
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L’organisation, c’est aussi cela la grande nouveauté
du teknival 2003. Si une nouvelle forme de rave est possible c’est
aussi parce qu’on peut désormais mettre des noms
et des responsables derrière l’évenement.
Ce ce qu’a souligné le préfet de région
: «Nous ne serions pas là si nous n'avions pas
eu des organisateurs qui ont accepté de discuter, signer
et assumer des responsabilités». C'est le Collectif
des sounds français qui a pris le risque. Leur tract
est en fait une charte qui invite les teufeurs à "tous
assurer". Car le dernier défi pour le teknival
version légalisée est qu’à l’issue
des quatres jours tout se soit bien déroulé.
Christelle
Bittner
02/05/2003 12h05
Teknival
2003. Ancien aérodrome de Marigny-le-Grand (Marne).
Entrée gratuite. Jusqu’à dimanche 4 mai au
soir.
Infoline : 0892 68 36 72 *1 code 152003 #
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