«Où en est notre groupe ?»
C’est par cette question que le PDG du groupe de télécommunications
a entamé la première assemblée générale
depuis le départ de son prédecesseur, Jean-Marie
Messier. Les actionnaires étaient certainement impatients
de connaître la réponse ce mardi soir.
Vivendi Universal sera recentré en 2004
sur les télécommunications et un Canal+ "profitable",
leur a annoncé Jean-René Fourtou. Le titre a terminé
la séance à 14,30 euros. Un niveau proche de celui
qui prévalait lors du départ de Jean-Marie Messier
en juillet dernier. Aujourd’hui, le chiffre d’affaires,
les fonds propres, l’endettement et la capitalisation boursière
ont été réduits de moitié. Le groupe
a enregistré une perte de 13,6 milliards en 2001 et une
nouvelle perte de 23,3 milliards d’euros en 2002. Ces mauvais
résultats et le changement de stratégie posent la
question du démantèlement du groupe. Peut-il encore
être évité ?
Aujourd’hui, les actifs de Vivendi Entertainment
sont à vendre. Quant aux activités Internet, elles
seront purement et simplement fermées. Le groupe télécoms
comprendra notamment Cégétel (téléphonie
fixe) SFR (téléphonie mobile) et Maroc Télécom,
dont il veut détenir une participation majoritaire. Quant
à Canal +, sa vente n’est pas à l’ordre
du jour.
La stratégie de cession adoptée
depuis l’arrivée de Jean-René Fourtou n’a
pas porté ses fruits. En 2002, Vivendi a cédé
pour plus de 10 milliards d’euros d’actifs. Cinq opérations
seulement ont permis de réaliser des plus values. Tout
le reste a donné lieu à 2,5 milliards de moins-values.
Et la mésaventure pourrait se répéter avec
la cession de la filiale jeux vidéo. Les opérations
réalisées dans la précipitation n’ont
pas apporté les résultats escomptés par les
dirigeants, à savoir créer de la valeur pour les
actionnaires.
Au-délà de la stratégie,
la question de la transparence intéresse les actionnaires.
Les audits qui avaient été promis lors du départ
de Jean-Marie Messier, n’ont jamais été rendus
publics. Le rapport de la Commission des opérations de
Bourse sur l’information financière fournie par le
groupe depuis 2001 devait être achevé fin 2002 mais
n’a pas été divulgué. Reste l’épineuse
question des stocks-options. L’an dernier, l’émission
de stocks-options représentant 1,5% du capital sur une
durée de dix mois, avait provoqué la colère
des actionnaires.
Cet après-midi, la fronde s’est organisée.
L’association de défense des petits porteurs (Appac)
entendait voter contre cette résolution et a déjà
proposé ses propres candidats au Conseil d’Administration.
Il a maintes fois été question de
Jean-Marie Messier lors de cette assemblée générale.
Jean-René Fourtou a tenu a préciser que l’entreprise
lui réclamerait toutes les sommes touchées après
son départ. Ainsi que les loyers de 31 000 dollars payés
par le groupe pour un loft de fonction à New-York.
Marine Veith
Mardi 29 avril 2003, 17h30
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