Document sans titre

Lui, explique que la situation dans laquelle se trouvait le groupe à son arrivée était « un capharnaüm ingérable». Les acquisitions réalisées par son prédécesseur, Jean-Marie Messier, ont transformé le groupe en une entité totalement incohérente. Les actionnaires approuvent, ils ne peuvent pas contester l’exposé. Jean-René Fourtou tranche : « Pouvons- nous, nous, Français, prétendre impulser durablement une stratégie de création de films américains à Los Angeles ? C’est illusoire. » « Rappellez Messier ! » ironise un participant. La cession des activités américaines (Vivendi Universal Entertainment) et Internet est necessaire. L’objectif est de recentrer le groupe sur Cegetel-SFR, Maroc Télécom, Canal+ et UMG. C’est la fin du rêve américain et personne dans la salle ne semble le regretter.

Mais quand Jean-Bernard Levy, le directeur général, présente les pertes, un participant se lève en brandissant un document qui conteste ces résultats. Il est rapidement sorti par les agents de sécurité. Jean-René Fourtou est prêt à s’expliquer, mais on ne badine pas avec l’ordre. A l’heure des questions, c’est Jean-Marie Messier qui reçoit le plus d’attaques. A propos du flamboyant ex-P-DG, actionnaires et dirigeants sont d’accord. L’ère Messier appartient au passé mais il ne faut rien lui laisser passer.
Les questions pleuvent. Quel avenir pour le groupe ? Sera-t-il démantelé ? Les actionnaires vont-ils retrouver leur argent ? Qu’adviendra t-il de Canal+ ? Jean-René Fourtou se montre optimiste, les fastes du passé sont oubliés. Pour lui, les finances du groupe seront assainies en 2004. Après, il partira.

Marine Veith
30/04/2003 12h 30

Le sort de Messier

Et J2M? Il était absent de la salle mais bien présent dans les esprits. Désavoué par l’assemblée et les nouveaux dirigeants, l’ancien P-DG avait sûrement les oreilles qui sifflent. Edgar Bronfman Jr, interpellé par un participant s’explique : « Je n’ai pas à apprécier ou à endosser le style du flamboyant Messier. Dès que j’ai compris que ce n’était pas qu’une question de style, j’ai le premier, demandé son départ. »
Jean-René Fourtou a affirmé, sous les applaudissements des actionnaires, avoir « décidé de ne rien lui verser ». Jean-Marie Messier a démissionné et ne peut donc réclamer aucune indémnité. Il avait pourtant fait valoir une clause à son contrat de travail qui prévoyait une indemnité de départ de 18 millions de dollars. Le hic ? Cette clause a été établie la veille de sa démission, alors qu’il se savait qu’il se savait sur un siège éjectable. « Le conseil d’administration de VU a décidé de ne pas reconnaître la validité de cette clause » a expliqué le nouveau P-DG.
Concernant les salaires versés à Jean-Marie Messier après qu’il ait quitté le groupe, Jean-René Fourtou affirme que ces sommes lui seront réclamées. Idem pour les loyers de son loft new-yorkais. Pour eux, il devra la bagatelle de 93 000 dollars. Sur le volet américain de son contrat, un tribunal d’arbitres new-yorkais devra statuer d’ici à septembre.