Un projet de loi pour les ménages surendettés
Le ministre de la ville Jean-Louis
Borloo présente aujourd'hui son projet de réforme
de la procédure de surendettement. Les ménages concernés,
près de 500 000 familles en France, pourraient être
déclarés en faillite civile, sorte de liquidation
judiciaire qui effacerait leurs dettes.
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C’est finalement Jean-Louis Borloo qui a gagné le bras de
fer qui l’opposait aux ministres de l’économie et de
la justice concernant le dossier du surendettement des ménages.
Matignon a en effet donné son feu vert à la réforme
de la loi de 1989 proposée par le ministre délégué
à la ville.
La situation s’avérait urgente. La France compte près
de 1,5 millions de familles surendettées et les dispositifs mis
en place jusqu’à présent ont montré leurs limites.
Intérêts, pénalités de retard… autant
de dificultés que les commissions de surendettement, chargées
de trouver des solutions amiables, n’avaient jusqu’alors pas
le pouvoir de régler catégoriquement.
La réforme présentée aujourd’hui par Jean-Louis
Borloo prévoit donc d’étendre à l’ensemble
du territoire national la procédure de faillite civile appliquée
jusqu’à présent en Alsace et dans la Moselle. Une
véritable révolution, puisqu’il s’agit d’effacer
purement et simplement les dettes des familles « manifestement insolvables
». Les ménages les plus endettés pourraient ainsi
bénéficier d’une procédure réservée
jusqu’alors aux seules entreprises en cessation de paiement. "L'idée
majeure est de permettre au surendetté de repartir du bon pied
et d'être en mesure d'honorer à nouveau ses engagements.
Ne pas le faire aujourd'hui serait de la non assistance à famille
en danger" a déclaré le ministre.
Les asssociations familiales militaient depuis longtemps pour l’extension
de la procédure en vigueur depuis 1870 en Alsace et dans la Moselle
à l’ensemble du pays. Le ministre aura donc suivi leur avis
malgré la très forte hostilité des créanciers
qui dénonçaient le risque de favorisation de l’irresponsabilité
des emprunteurs. La réponse du ministre a vraisemblablement tenu
compte de leurs objections puisque ce sera désormais à la
justice de déterminer le degrès d’endettement des
familles. La nouvelle procédure sera réservée aux
ménages réellement insolvables et à la bonne foi
évidente. La suspension des poursuites et l’effacement des
dettes nécessitera pourtant une contrepartie : la vente des biens
du ménage au profit des créanciers.
Contestée au sein même du gouvernement, la réforme
proposée par Jean-Louis Borloo permet cependant au premier ministre
de lâcher du lest sur le plan social à un moment où
la « France d’en bas » semble vouloir manifester son
mécontentement.
S.F. 28/04/2003 16:00
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