FRANCE

Un tour à l'université en attendant d'avoir un projet professionnel

Comme celui des ménages, le moral des étudiants semble fortement corrélé à la conjoncture économique. Selon un sondage publié dans le quotidien Libération, il y a trois ans , 70% d'entre eux avaient confiance en leur formation pour trouver un emploi. Aujourd'hui, ils ne sont plus que 52%. Ambiance avec des étudiants en premier cycle de sciences humaines de l'Université Paris I.

 

"Rester à la fac, c'est rassurant. Pendant qu'on est là, on n'a pas besoin de chercher du travail". Gabriel cultive le cynisme. A 19 ans, il s'est inscrit en première année de DEUG géographie "parce ce que cela ouvre des portes sur le monde". Son avenir professionnel, il le voit tout en gris. Et cela le fait presque rire. "Il n'y a pas de boulot en ce moment. Alors autant faire quelque chose qui m'intéresse". Sans être enthousiaste, Eva relativise ses propos : "La géo, c'est pas l'idéal pour les débouchés professionnels mais c'est quand même plus généraliste que les lettres ou la philo". Comme eux, ils sont des milliers d'étudiants en sciences humaines à "couver" dans les couloirs du centre Pierre Mendès-France. Très peu ont un projet professionnel clair. Et c'est souvent pour cela qu'ils se sont inscrit à l'université.

Conseillère à la mission Université-Entreprise du centre Mendès-France, Nadine Blanchon se veut rassurante : "Ce n'est pas évident de savoir ce que l'on veut faire en sortant du lycée." Chaque année, elle aide des centaines étudiants à rédiger un cv, une lettre de motivation et surtout à trouver des stages. "Pour beaucoup d'étudiants, le monde de l'entreprise est une notion totalement abstraite. Ils ont besoin de ces expériences pour affiner leur projet professionnel."

Certains étudiants se plaignent d'ailleurs d'une formation qu'ils estiment "trop abstraite". Leur jugement sur l'université est beaucoup plus sévère : "Si on veut trouver un boulot sérieux, ce n'est pas ici qu'il faut venir", ironise Guillaume, étudiant en première année d'économie. "Pour les bons postes, nous sommes directement en concurrence avec les grandes écoles".

Etudiante en histoire de l'art, Evelyne sait bien qu'elle n'apprend "rien de vraiment concret" mais elle n'y voit pas d'inconvénient. "C'est fini le temps où on faisait une carrière dans un seul secteur. On sait bien qu'on va faire plusieurs métiers totalement différents". L'idée de la flexibilité a fait son chemin.

Jeohan Bonillo

30/04/03 15h20

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