"Rester à la fac, c'est rassurant.
Pendant qu'on est là, on n'a pas besoin de chercher du travail".
Gabriel cultive le cynisme. A 19 ans, il s'est inscrit en première
année de DEUG géographie "parce ce que cela
ouvre des portes sur le monde". Son avenir professionnel,
il le voit tout en gris. Et cela le fait presque rire. "Il
n'y a pas de boulot en ce moment. Alors autant faire quelque chose
qui m'intéresse". Sans être enthousiaste,
Eva relativise ses propos : "La géo, c'est pas l'idéal
pour les débouchés professionnels mais c'est quand
même plus généraliste que les lettres ou la
philo". Comme eux, ils sont des milliers d'étudiants
en sciences humaines à "couver" dans les couloirs
du centre Pierre Mendès-France. Très peu ont un projet
professionnel clair. Et c'est souvent pour cela qu'ils se sont inscrit
à l'université.
Conseillère à la mission Université-Entreprise
du centre Mendès-France, Nadine Blanchon se veut rassurante
: "Ce n'est pas évident de savoir ce que l'on veut
faire en sortant du lycée." Chaque année,
elle aide des centaines étudiants à rédiger
un cv, une lettre de motivation et surtout à trouver des
stages. "Pour beaucoup d'étudiants, le monde de
l'entreprise est une notion totalement abstraite. Ils ont besoin
de ces expériences pour affiner leur projet professionnel."
Certains étudiants se plaignent d'ailleurs
d'une formation qu'ils estiment "trop abstraite".
Leur jugement sur l'université est beaucoup plus sévère
: "Si on veut trouver un boulot sérieux, ce n'est
pas ici qu'il faut venir", ironise Guillaume, étudiant
en première année d'économie. "Pour
les bons postes, nous sommes directement en concurrence avec les
grandes écoles".
Etudiante en histoire de l'art, Evelyne sait bien
qu'elle n'apprend "rien de vraiment concret"
mais elle n'y voit pas d'inconvénient. "C'est fini
le temps où on faisait une carrière dans un seul secteur.
On sait bien qu'on va faire plusieurs métiers totalement
différents". L'idée de la flexibilité
a fait son chemin.
Jeohan Bonillo
30/04/03 15h20
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