Présidentielles Argentine : rien
n’est fait pour Carlos Menem
L’ancien président libéral
est en tête à l’issue du premier tour de l’élection
présidentielle argentine, avec 23.9% des voix. Un score bien
inférieur à celui attendu par le candidat qui annonce
un second tour très serré. |
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Les
sondages l’annonçaient, c’est désormais
chose faite : Carlos Menem sera au second tour de l’élection
présidentielle. Avec 23.9 % des voix, l’ancien
président a devancé le gouverneur de Santa
Cruz, Nestor Kirchner (21.8%) lors du scrutin du premier
tour qui a eu lieu dimanche. Le 18 mai, les deux hommes
s’affronteront lors d’un
duel péroniste qui déterminera le nom
du prochain président.
A 72 ans, Carlos Menem n’est plus qu’à
un tour d’un troisième mandat de président.
«Tous me disaient que j'étais fini, et
nous avons gagné une élection dans toute l'Argentine
», s’est exclamé le péroniste
à l’annonce des résultats, avant d’ajouter,
sûr de lui : « Le second tour va être
une formalité.» Pourtant, contrairement
aux discours victorieux de l’ancien président,
rien n’est joué au lendemain de ce premier
scrutin. Si Carlos Menem fait figure de favori, les résultats
obtenus hier sont loin de ceux qu’escomptaient les
instituts de sondage qui le créditaient encore de
30% la semaine passée. Loin de ceux que prévoyait
le candidat qui pensait être élu dès
le premier tour. Pour ce faire, il lui aurait fallu obtenir
40 % des voix. Un score bien supérieur aux 24 % octroyés
au final. Pour briguer la présidence, Carlos Menem
va donc devoir soigner son discours jusqu’au second
tour. L’objectif ? Convaincre les Argentins non-péronistes
qui se retrouvent sans candidat au second tour. |

Avec 23.9% des voix, Carlos Menem est en
tête du premier tour de l'élection présidentielle.
Mais pour obtenir son troisième mandat présidentiel,
il devra conquérir les classes moyennes.
(Crédit AFP) |
Une tache difficile pour
l’ancien président qui traîne un lourd
passé. Pour beaucoup, ses deux mandats (1989-1999)
restent synonymes de corruption, de scandales à
répétition, de privatisations sauvages.
Carlos Menem a également été incarcéré
pendant 167 jours, il y a deux ans, pour avoir participé
à une affaire de trafic d'armes avec la Croatie
et l'Equateur. Tant de mauvais points pour le péroniste
qui va devoir compter sur le report des voix pour remporter
l’élection.
Le péroniste
va devoir compter sur le report des voix
Au lendemain du premier tour, Carlos Menem peut d’ores
et déjà espérer récupérer
une partie des 13.9 % des votes qui se sont portés
sur le populiste péroniste Adolfo Rodriguez Saa.
De la prestation de l’ancien président durant
les trois prochaines semaines dépend le report
de nombreuses voix, notamment celle du libéral
Ricardo Lopez Murphy (16,8%). La sociale-chrétienne
Elisa Carrió, qui est arrivée en quatrième
position avec 14.4 % des voix, a elle déjà
annoncé qu’elle ne voterait pas pour Menem
et ne ferait pas d’alliance gouvernementale.
L’issue de l’élection reste donc plus
que jamais incertaine et devrait dépendre de l’attitude
des classes moyennes, qui ont souffert de la mauvaise
gestion économique du pays qu’ils imputent
notamment à l’ancien président.
Carlos Menem devra donc trouver de nouveaux arguments
dans les jours à venir s’il veut rejoindre
Peron dans l’histoire de son pays et exercer un
troisième mandat. Le premier tour l’a prouvé,
les effets d’annonce ne suffiront pas à séduire
les Argentins. Des Argentins qui, en décembre 2001,
étaient dans la rue pour réclamer du changement
et qui, aujourd’hui, hésitent à reconduire
au pouvoir un homme qui a gouverné pendant 10 ans.
Chrystelle
Barbier
28/04/03 16h30
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