INTERNATIONAL
Washington freine l’aide onusienne à la Côte d’Ivoire

Une délégation de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a été reçue hier soir par Kofi Annan. Le secrétaire général des Nations Unies exhorte le Conseil de sécurité à accéder à la demande de la Communauté relative à un nouveau déploiement militaire en Côte d’Ivoire. Une opération jugée trop coûteuse par les Etats-Unis.

27 millions de dollars. C’est ce que coûterait le renforcement des effectifs présents en Côte d’Ivoire afin d’assurer le maintien de la paix dans un pays qui reste profondément troublé en dépit des accords de paix de Marcoussis signés en janvier dernier.
Une somme jugée excessive par les Etats-Unis qui s’opposent à la mise en place de nouvelles mesures concernant le pays. Le secrétaire général des Nations-Unies a pourtant appelé hier « les membres du Conseil de Sécurité et l'ensemble de la communauté internationale à fournir rapidement à la CEDEAO les ressources financières supplémentaires nécessaires à l'Ecoforce » . Ces troupes déployées par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest comptent aujourd’hui 1200 soldats, ajoutés aux 3900 militaires français présents sur place. Des effectifs que les gouvernants africains aimeraient voir atteindre 3600 hommes.

(Crédit AFP)

Malgré les exhortations de Kofi Annan, Washington a bloqué le projet et l’a renvoyé au département des opérations de maintien de la paix de l'Onu en demandant qu'il soit sérieusement réduit. Une décision que d’aucuns imputent à la détérioration des relations franco-américaines depuis l’opposition de Paris à l’intervention militaire en Irak. Les diplomates de deux pays se sont empressés hier de conterdire cette thèse et d’assurer que le désaccord sur la mission de paix n'est pas liée à la question irakienne.

Regain de violence
Ces différends aux Nations-Unies pourraient freiner le processus de maintien de la paix en Côte d’Ivoire à un moment particulièrement critique. Le pays a en effet connu ces dernières semaines un regain de violence, imputable aux luttes intestines au sein des clans rebelles. Les différends entre les mutins ivoiriens et leurs mercenaires libériens et Sierra-Léonais se sont accentués, entraînant l’exode de centaines d’Ivoiriens vers les pays limitrophes, notamment le Libéria. Les populations civiles parlent de viols et de massacres à grande échelle. « La situation reste fragile et il n'est pas facile de rétablir en très peu de temps la confiance entre des forces qui se sont combattues », a rappelé hier soir le ministre ivoirien des affaires étrangères.
Après New-York, la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest devrait se rendre prochainement à Bruxelles. Et continuer d’alarmer la communauté internationale sur le chaos qui règne toujours en Côte d’Ivoire.
Sarah Brèthes
30/04/2003 12h 10

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