INTERNATIONAL

Reprise du dialogue indo-pakistanais

Après 16 mois de silence radio, les premiers ministres indien et pakistanais ont repris contact.


Le premier pas a été fait par M. Vajpayee, chef du gouvernement indien. Le 18 avril, il a tendu "la main de l'amitié" au Pakistan lors d'un discours prononcé au Srinagar, capitale d'été du Cachemire indien, zone symbolique s'il en est. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, en effet, cette région a été à l'origine des trois guerres que se sont menées l'Inde et le Pakistan, en 1947, 1965 et 1971. Depuis la fin des années 80, l'Inde accuse son voisin d'y entretenir la rébellion séparatiste en y infiltrant des militants islamistes. Une accusation que le Pakistan a toujours démentie.


La frontière entre l'Inde et le Pakistan, source de tensions depuis la Partition, en 1947. Crédit : Belga.

Lundi, M. Zafarullah Jamali, le Premier ministre pakistanais, a saisi cette main tendue en téléphonant à son homologue indien, avec lequel il s'est entretenu pendant une dizaine de minutes sur la manière de relancer les relations économiques, culturelles et sportives entre les deux pays."Cette conversation a ouvert un chapitre d'espoir, et si les deux parties sont sincères, cela pourrait relâcher les tensions en Asie du Sud", a commenté M. Muni, professeur à l'Ecole indienne des Etudes internationales. Les deux chefs de gouvernement se sont même invités l'un l'autre dans leurs pays respectifs.

Un bien fragile espoir

Il faut espérer que cette détente au plus haut niveau sera suivie d'un réel apaisement dans les faits, ce qui semble loin d'être évident. Mardi déjà, l'Inde a effectué un essai de missile sol-sol à capacité nucléaire d'une portée de 150 km à partir de l'est du pays. Dans la même journée, les troupes indiennes ont dû faire face à des tirs dans le district de Doda (sud du Cachemire). Onze militants islamistes et six soldats indiens ont trouvé la mort lors de cet affrontement. Un porte-parole de M. Vajpayee a alors immédiatement indiqué que le Premier ministre indien ne pourrait se rendre au Pakistan "que si le terrorisme cessait totalement". Si M. Vajpayee suit effectivement cette politique, il risque bien de ne jamais y mettre les pieds : selon le ministre des Affaires étrangères pakistanais Khurshid Mahmud Kasuri, il serait "virtuellement impossible" de mettre fin aux infiltrations de militants islamistes au Cachemire indien.

Asha Meralli
30/04/2002. 13h00

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