INTERNATIONAL

Jean Paul II appelle à la paix

Arrivé à Madrid, samedi, à la mi-journée, le pape a placé la paix au centre de son discours. En visite en Espagne pour canoniser cinq bienheureux, dont un prêtre fusillé par les Républicains en 1936, Jean Paul II devait rencontrer, samedi après-midi, le chef du gouvernement espagnol.

"Paix à chacun", "paix des peuples". Pour son cinquième, et sans doute dernier, voyage en Espagne, le pape a tenu à rassembler ses fidèles sous une seule et même bannière. Celle de la paix précisément ; et ce, au lendemain de l'annonce par le président Bush de la fin des combats en Irak et de la victoire sur le terrorisme.
Parmi des milliers d'anonymes venus l'acclamer, le roi Juan Carlos et la reine Sofia (voir ci-contre) attendaient le Saint-Père à l'aéroport madrilène de Barajas. Dans son discours de bienvenue, le roi s'est dit heureux de recevoir, pour la cinquième fois, dans une Espagne "fidèle à ses traditions", Jean Paul II, qu'il a qualifié d'"infatigable combattant des causes nobles".


Le roi Juan Carlos et la reine Sofia ont accueilli, à midi, Jean Paul II, à l'aéroport de Madrid-Barajas. (Photo AFP).


Deux soeurs s'empressent d'aller accueillir le pape. (Photo AFP).

En visite en Espagne jusqu'à la fin du week-end, Jean Paul II devrait canoniser, dimanche, sous les yeux de plus d'un million de fidèles, deux prêtres et trois religieuses. Parmi ces cinq bienheureux, Pedro Poveda, un prêtre martyr, exécuté, en juillet 1936, par les Républicains, après un procès sommaire.
Une initiative susceptible, pourtant, de heurter la sensibilité des familles de Républicains espagnols qui revendiquent un droit à la mémoire. A ce titre, précisément, le président de l'Association pour la récupération de la mémoire historique, Emilio Silva Barrera, a demandé publiquement à Jean Paul II "un geste symbolique pour pardonner et demander pardon pour la collaboration de l'Eglise (catholique espagnole) avec la dictature franquiste".

Autre point épineux : la rencontre du pape, samedi après-midi, avec le chef du gouvernement espagnol. Les nationalistes catalans et basques, à forte tradition démocrate-chrétienne, qui, conformément à la doctrine papale, s'étaient opposés à une guerre en Irak, contestent la légitimité de ce tête-à-tête. Le gouvernement de José Maria Aznar, en effet, avait choisi, lui, de soutenir avec ferveur la coalition américano-britannique et l'intervention armée en Irak.
A ce jour, des critiques publiques de Jean Paul II à l'égard de son gouvernement seraient lourdement préjudiciables à José Maria Aznar. Dans
trois semaines, en effet, se tiendront, en Espagne, les élections municipales et régionales. Et le Parti Populaire (parti de José Maria Aznar), majoritaire au Parlement, par le biais de ce scrutin, réaffirmer son rôle de parti conservateur chrétien. Dans sa ligne de mire : les électeurs catholiques militants, soit pas moins de 10 millions de personnes.


Le chef du gouvernement espagnol, José Maria Aznar devait rencontrer le pape Jean Paul II, samedi après-midi. (Photo AFP).

 

Cécile Chaptal

03/05/2003 16h45

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