INTERNATIONAL

Un début d'année meurtrier pour la presse

Reporters sans frontières profite de la treizième Journée internationale de la liberté de la presse pour dénoncer la situation précaire des journalistes dans plus de cent pays.

Dix-huit journalistes sont morts depuis le début de l'année 2003. La dernière victime est un reporter britannique décédé vendredi soir. Il a été mortellement blessé dans la Bande de Gaza.
Le lourd bilan du début de l'année 2003 s'explique en partie par la guerre en Irak. Ce conflit a été l'un des plus meurtriers pour la presse : neuf journalistes sont morts à cause de tirs américains, de mines ou d'attaques-suicide. Quatre autres ont péri à cause de maladies, plusieurs autres ont été blessés et deux sont toujours portés disparus. Cette guerre a été proportionnellement plus meurtrière pour les journalistes que pour les soldats de la coalition», confirme Reporters sans frontières. Ainsi, l'Irak est " le pire des pays où être journaliste", a affirmé dans un communiqué vendredi à New-York, l'organisation de défense des droits de la presse Committee to protect Journalists (CPJ). L'organisation a publié une liste des dix Etats les plus dangereux pour la presse. En tête des pays les plus risqués, le CPJ a repertorié derrière l'Irak, Cuba et le Vietnam.
Elément aggravant en Irak : la situation est encore précaire pour la presse. "Alors que le gros des combats semble passé, les conditions de sécurité pour les journalistes restent précaires", précise le CPJ dans un communiqué. "Le brigandage, les échanges de coups de feu et les agressions physiques font que l'Irak restera dangereux pour les journalistes dans l'avenir", précise l'organisation.


Quatre cents journaux sont actuellement interdits dans le monde. (Photo : AFP)

Le bilan de l'année 2003 risque d'être pire que celui de l'année précédente où 25 journalistes avaient été tués. Il est vrai qu'en 2002, la profession avait enregistré une baisse du nombre de victimes. En 2001, 31 reporters avaient alors trouvé la mort en exerçant leur métier. Malgré cette diminution, les pressions et la censure persistent. Selon Reporters sans frontières, la censure a touché 400 médias l'an dernier, et le nombre de journalistes emprisonnés a augmenté de 40 % par rapport à 2001.

Reporters sans frontières a également établi une liste des 42 "prédateurs de la liberté de la presse" c'est-à-dire des "présidents, ministres, chefs d'état-major, chefs religieux ou chefs de groupes armés qui usent des armes et abusent des lois pour assassiner, emprisonner, faire disparaître, censurer, torturer tous ceux qui les gênent, et notamment les journalistes". Parmi eux figurent Fidel Castro, Vladimir Poutine ou encore Ariel Sharon, en raison de l'absence de sanction à l'encontre des soldats israéliens tirant contre des reporters (trois morts en 2002). Les services de sécurité palestiniens sont aussi visés pour le manque de liberté laissé aux journalistes palestiniens et étrangers.

A l'occasion de la treizième Journée internationale de la liberté de la presse, RSF publie un album, signé cette année par le photographe-marin Philip Plisson. Cette initiative permet de soutenir les 176 journalistes qui étaient en prison au 10 avril dernier.

 

Christine Avellan

3/05/2003 11h15

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