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Ballade irlandaise pour le rugby français

Le Stade toulousain et l'USAP se sont qualifiés ce week-end pour la finale de la Coupe d'Europe prévue au stade de Lansdowne Road à Dublin

Le 24 mai prochain, les Dublinois chers à James Joyce vont devoir se mettre sérieusement au français le temps d'un samedi de printemps. La raison de cet engouement à venir pour la langue de Molière ? Elle est simple : le Stade toulousain et Perpignan se sont brillament qualifiés samedi et dimanche pour la finale de la Coupe d'Europe de rugby en éliminant respectivement en demi-finale les Irlandais du Munster (13-12) et du Leinster (21-14).

Et pour accueillir ce sommet de l'ovalie sur le Vieux Continent, c'est le vénérable et mythique stade de Lansdowne Road qui a été choisi... il y a plus d'un an. Interrogées sur l'opportunité de disputer un match entre deux équipes françaises à Dublin, les instances de la jeune European Rugby Cup ont invoqué le règlement et le fait qu'environ six à dix mille places ont déjà été vendues en Irlande. Une situation d'autant plus déplorable qu'il aurait été difficile d'imaginer outre-Manche une finale entre équipes britanniques acceptant sans mot dire de jouer à Lyon ou à Marseille... Guy Novès, Georges Coste, Serge Blanco et bien d'autres personnalités du rugby français se sont déjà élevées contre cette situation pour le moins inhabituelle.

Photo Reuters

Mais en coulisse, certains organisateurs n'hésitent pas à souligner qu'il s'agit surtout d'une affaire de gros sous, en l'occurence de ceux d'une célèbre marque de bière qui tiendrait à conserver Dublin pour mieux promouvoir son image de principal sponsor de la compétition. De leur côté, René Bouscatel et Marcel Dagrenat, présidents de Toulouse et de Perpignan, devraient essayer cette semaine de faire pression sur Jean-Pierre Lux, président de l'E.R.C. - qui s'est dit prêt à entendre un appel de la part des deux clubs - pour infléchir sa position et contenter leurs supporters.

Car il y a fort à parier que malgré les 15 000 places qui ont été allouées aux deux clubs, un grand nombre de rugbyphiles haut-garonnais et catalans risquent d'être lésés : à 300 euros (tarif minimum) le trajet aller-retour billet du match compris, tout le monde ne pourra pas s'offrir le voyage en terre celte. Et à l'instar du football, le rugby y perdrait encore un peu plus son côté populaire.

Cette possible fausse note ne devrait toutefois pas gâcher outre mesure un match qui s'annonce comme la fête du rugby français et confirme son renouveau avec l'obtention de l'organisation de la Coupe du Monde 2007. Après un Tournoi des VI Nations raté, ce sont les clubs qui redorent le blason hexagonal... en attendant la Coupe du Monde 2003.

Alexandre Tsakanikas-Analis

Photo Planeterugby.com

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