Le capitaine de l’équipe
de France de football fêtera demain face à l’Egypte
sa 104ème sélection internationale. Il effacera des tablettes
le record de son ami, Didier Deschamps
On
a déjà vu éclosion internationale plus précoce.
Marcel Desailly a du attendre l’âge de 25 ans pour enfiler
son premier maillot tricolore. Il aurait même pu patienter davantage…
En août 1993, l’infirmerie de Gérard Houiller affiche
complet. A l’heure d’aller affronter la Suède, le sélectionneur
de l’époque, cherche un arrière droit pour stabiliser
l’équipe de Papin et Cantona. Même s’il est spécialiste
de l’axe, il offre le poste au colosse marseillais (1,83 m, 80 kg).
Desailly saisit sa chance. Et ne quittera plus la sélection. Un
heureux coup du sort pour le natif d’Accra, amoureux de sa terre
d’accueil. Marcel Desailly a grandi à Nantes, élevé
par sa mère. Son père biologique resté au Ghana,
c’est son père adoptif, un diplomate français, qui
lui lèguera son nom. Et, sans doute, l’éducation et
le langage chatié qui caractérisent l’actuel meneur
des hommes en bleu.
Choyé à Nantes, la vie ne l'épargne pas pour autant.
Son demi-frère, Seth Adonkor, autre artiste du ballon rond, meurt
accidentellement. Son camarade de chambrée du centre de formation
de la Jonelière, où les diamant nantais sont sculptés,
est heureusement à ses côtés. Son nom ? Didier Deschamps.
Cet axe fraternel apportera ensuite à la France ses premiers trophées
internationaux. La Coupe d’Europe au Marseille de Raymond Goethals,
en 1993. La Coupe du Monde aux hommes d’Aimé Jacquet, en
1998. Le Championnat d’Europe à ceux de Roger Lemerre, en
2000.
Pourtant, la vie en bleu de Desailly n’a pas démarré
sous les meilleurs auspices. Le France-Bulgarie de novembre 1993 le prive
de la Coupe du monde américaine... Gérard Houiller évincé,
c’est Aimé Jacquet qui en fait le socle de la défense
centrale tricolore. A l'évidence, aucun sélectionneur ne
pourrait se passer de ses qualités. Puissance, vitesse, sens du
marquage… Et une confiance en lui qui lui joue parfois des mauvais
tours. Prétentieux, Marcel ? Il sait qu'il n'est pas du genre à
planter des buts à la pelle : il n'inscrit son premier but en sélection
qu'en 1995… face à l’Azerbaïdjan ! Il laisse ça
aux autres. Lui, il musèle les meilleurs attaquants du monde. Il
les muselait, diront les mauvaises langues. Jusqu’au gâchis
asiatique de l’été 2002. Ridiculisé par les
pointes sénégalaises, urugayennes et danoises, capitaine
Desailly est très contesté. La compétition de trop
?
Pas pour Desailly, trop fier pour laisser les Bleus orphelins. Jacques
Santini sait également que sa motivation est intacte. En août
2002, après quelques hésitations, le nouveau sélectionneur
lui laisse son brassard de capitaine. "Sans Desailly, ce n’est
pas pareil", avouait-il après la courte victoire face
à Israël. A 34 ans, à l’aube de sa 104ème
sélection, il vit le crépuscule de sa carrière. Mais
il reste le patron, le capitaine expérimenté. « Marcello
», comme l’ont surnommé les Italiens depuis son passage
au Milan AC, sait bien que son record sera un jour dépassé.
Par Patrick Vieira peut-être, son successeur désigné.
Mais avant de raccrocher, il veux transmettre. A William Gallas, son coéquipier
à Chelsea, comme à Mickaël Silvestre ou Philippe Mexès.
Transmettre et inscrire son nom dans l’histoire du sport français.
Son dernier pari ? Remporter l’Euro portuguais en 2004. De Stockholm
à Lisbonne, la boucle serait alors bouclée.
Julien
Hababou
29/4/2003, 16 heures
Le
site officiel du capitaine des Bleus
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