
Photo France 2 |
La politique
à la télévision entre fiction et réalité
De scrutin en scrutin,
la crise du politique ne fait que s’affirmer. Taux d’abstention
grandissant, manque de confiance envers les hommes politiques, recrutement
difficile dans les partis : tant de problèmes dont la seule
solution semble être la communication. Pour avoir une plus
grande visibilité, les dirigeants politiques investissent
le petit écran. Et les chaînes sont preneuses.
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S’il fallait d’ores et déjà
tirer deux conclusions du passage de Jean-Marie Le Pen, le leader
du Front National, ce soir sur France 2, elles seraient les suivantes
: l’audience de ce «
100 minutes pour convaincre » risque d’être
une des plus hautes enregistrées par l’émission
; demain, l’éternel débat sur la place médiatique
à accorder aux courants politiques extrémistes va
resurgir. Et les plus taquins vont prendre France 2 au mot : fallait-il
laisser « 100 minutes pour convaincre » à cet
homme dont chaque prise de position réserve son lot de tristes
surprises ?
Le mérite de l’émission mensuelle de France
2 est de mettre les hommes politiques dans un cadre officiel, mais
malgré tout mis en scène. Difficile d’en dire
autant de la prestation du pourtant respectable Michel Rocard face
à la question de Thierry Ardisson, « Sucer, c’est
tromper ? », l’année dernière, à
« Tout le monde en parle ». Les espaces médiatiques
« sérieux » se font de plus en plus rares et
sont relégués dans des tranches horaires inaccessibles
en termes d’audience. |

François Fillon, ministre des Affaires
sociales,
sur le plateau de 100
minutes pour convaincre.
Photo: France 2. |

Photo D.R.
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Le dernier mot aux « Guignols
de l’Info » ?
L’audience, le nerf de la guerre télévisuelle
dont l’une des victimes est la politique. Les « France
Europe Express » sur France
3, « Mots Croisés » sur France
2, « Ripostes » sur France
5 occupent des horaires difficiles parce qu’elles ne font
pas de scores suffisants. Mais les deuxièmes parties de soirée
ou les dimanches après-midi facilitent-ils l’accès
à un public plus large ? Ce nouveau serpent se mord la queue
depuis le disparition des références en matière
de débats télévisés, « Sept sur
sept », « L’heure de vérité »,
« Polémiques »…
Mais le succès de « 100 minutes pour convaincre »
donne des idées. Alors que TF1 a supprimé le «
Répondez-nous » de PPDA l’année dernière,
LCI est chargée de reprendre le flambeau de la tribune politique.
Emission à vocation plus généraliste mais où
la politique occupe une large place, « Ripostes », de
Serge Moati, voit sa part d’audience croître régulièrement.
Seule la grille de M6 ne laisse aucune place dans sa grille de programmes
à ce thème pourtant fondamental.
À Canal
+, la politique occupe une place singulière. La marge
y est grande entre la fausse camaraderie du tutoiement de Karl Zéro
aux hommes politiques et la dérision à outrance des
« Guignols de l’Info ». Sans parler de véritables
émissions politiques, le succès qu’elles connaissent
auprès des jeunes leur accordent un pouvoir d’influence
souvent exagéré. Mais la question mérite tout
de même d’être posée lorsque des lycéens
reconnaissent qu’il s’agit là de leur seul contact
au monde politique.
Sébastien
Raffaelli
05/04/2003 13 heures
voir également l'article
France sur Jean-Marie Le Pen et celui sur les
livres des hommes politiques depuis le deuxième tour
des présidentielles
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