Culture nipponne à
l’abordage !
En une décennie, ce pays aux
fameux samouraïs s’est métamorphosé en
grande puissance. L’œuvre des artistes japonais se fait
l’écho de ce savant mélange de culture ancestrale
et d’extrême modernité. A travers expositions,
films ou vidéos : voyage au cœur de cette étonnante
culture.
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Le Japon s'invite en France.
Photo: D.R.
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Manga japonais.
Photo: D.R.
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Mangas, dessins animés et gadgets technologiques de dernier
cri : voici les premières exportations « made in
Japan ». Mais attention à ne pas s’y méprendre,
la culture japonaise ne se limite pas à « Dragon
ball Z », la figurine rose bonbon « Hello Kitty »
ou au tout dernier Nokia cumulant fonction Internet et MP3. Le
Japon, c’est également une culture établie
au fil des millénaires : des rites ancestraux , une littérature
abondante et un cinéma
fécond.
L’Empire japonais s’expose
Deux manifestations, à Paris, proposent des facettes
différentes du pays.
La première, intitulée « Japon 1945-1975,
le renouveau photographique », à l’hôtel
de Sully à Paris retrace à travers 180 clichés
l’histoire de cette nation. Pour la visite, il faut descendre
au sous-sol. Comme une métaphore d’une descente aux
enfers, le spectateur découvre les photographies de Tomatsu,
datant de 1945. L’artiste dévoile avec crudité
les ravages de la bombe atomique.
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Corps carbonisés, maccabés défigurés
ou survivants brûlés au cinquième degré.
Le photographe Kimura suggère également à
travers des paysages mornes et ravagés le traumatisme de
Hiroshima. Après le choc de la guerre, les artistes japonais
se focalisent sur le corps. Visages, jambes, mains sont photographiés
avec la même volonté esthétisante. Un rapport
au corps très fétichiste qui se retrouve dans le
cinéma japonais comme dans « L'Empire
des sens » de Nagisa Oshima ou dans la littérature
comme chez Mishima dans « L’école de la chair
». Evidemment, la rétrospective expose également
plusieurs clichés du sulfureux Araki. Célèbre
pour ses photos de nymphettes baillonnées ou attachées,
l’exposition ne montre que son travail datant des années
1970. A l’époque, il avait eu l’idée
de prendre en photos sa dulcinée durant sa lune de miel.
Atteinte d’une grave maladie, les clichés ne sont
pas franchement guillerets. Froide et aseptisée, sa muse
ressemble davantage à une vierge Marie qu’à
une jeune mariée enthousiaste.
Pour une Histoire du Japon en noir et blanc, rendez-vous à
l’hôtel
de Sully : 62, rue Saint-Antoine, Paris IV. Tél : 01
42 74 47 75. Jusqu’au 15 juin.
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Photo de l'artiste Tomatsu.
D.R.
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Exemples de "ganguro gyaru".
Photo: D.R. |
Les
tendances de la jeunesse japonaise
Oubliez le gros cliché. Celui du touriste japonais
muni de son appareil-photo et déambulant bien sagement
dans nos villes occidentales. Ils savent aussi être
excentriques. L’adolescent tendance est ce qu’on
appelle une « fashion victim ». Fou de mode
et de marques, il n’a pas peur du total-look. Chez
les filles, cela donne les kogyaru
: ce sont des collégiennes qui retouchent leurs uniformes
pour paraître plus sexy dans des mini-mini-jupes et
des grandes chaussettes blanches savamment arrangées
en accordéon. Leurs aînées, les ganguro
gyaru, affichent un corps éternellement bronzé
presque noirci, moulé dans des tenues provocantes
et perchées sur des semelles de 15 cm de haut. D’autres
encore préfèrent le look gothique façon
Dracula ou Petite maison dans la prairie. Ce phénomène,
s’il touche surtout les jeunes filles n’épargnent
pas les garçons. L’accessoire indispensable
est bien sûr le téléphone portable avec
appareil photo, MP3 et Internet intégré, affublé
bien sûr d’un Doraemon,
Winnie l’Ourson ou autre mascotte .
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La seconde exposition s’attache à montrer
un autre visage de l’Empire nippon. Cette fois-ci,
il faut faire un grand bon en avant pour retrouver le
Japon d’aujourd’hui. Le Centre National de
la Photographie se penche sur le travail du photographe
Kyoichi Tsuzuki. Fasciné par le bizarre et l’étrange
dans certaines œuvres créatives ou simplement
chez les gens, l’artiste est allé à
la rencontre de « fashion victims ».
Sous le nom « happy victim », il a photographié
ces droguées de mode et d’accessoires qui
sont prêtes à tout sacrifier pour assouvir
leur dépendance à une marque fétiche
(Vivienne Westwood, Anna Sui, Jean-Paul Gaultier, Jane
Marple, Martin Margiela, Comme des Garçons, Dolce
& Gabbana au choix). “Vous êtes ce
que vous achetez” commente Tsuzuki qui accompagne
toujours ses photographies d’un texte circonstancié
sur chacun de ces obsessionnels pour compléter
leur portrait.
Ces Japonais préfèrent vivre dans des
appartements exigus et tout flamber pour acquérir
ces apprêts. Leur intérieur se transforme
alors en musée vivant du vêtement (voir ci-contre).
Tee-shirts accrochés aux murs, pantalons pendus
sur des cintres comme de nouvelles toiles de maîtres.
Voici le joyeux monde de ces « fashion victim »,
vivant au milieu de leurs fétiches, complètement
coupées du monde.
Pour les curieux, l'exposition "Happy victim"
se trouve au Centre
National de la Photographie à Paris jusqu'au
1e juin : Hôtel Salomon de Rothshild, 11 rue Berryer,
75008. Tél: 01 53 76 12 31
Pour tout savoir sur la culture nipponne : www.nihon.fr.st
Sarah-Lou
Cohen-Bacri
3 /05/2003 16 heures
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